Poser comme modèle au Cégep

Mon métier de modèle vivant m’amène à travailler dans différents milieux en lien avec les arts. Par exemples, des ateliers libres de dessin du modèle. Des ateliers de formation en dessin du corps humain ou de sculpture. Un évènement artistique dans un musée. Ainsi qu’aux programmes d’arts visuels dans les Universités et aux Cégep.

J’ai eu la chance de travailler dans ces différents milieux un peu partout à Montréal et les environs, au Québec, au Canada, en Europe et en Asie.

Ce qui est fascinant, c’est de voir que partout dans le monde du dessin du modèle vivant, les personnes sont passionnées, intriguées et captivées par la figure humaine. Que ce soient des débutants, des artistes professionnels ou des étudiants.e.s chacun et chacune tente d’exprimer, à sa façon ou selon les directives, ce que le modèle leur inspire.

Mon expérience comme modèle professionnelle au Cégep de Drummondville

Depuis l’ouverture de son programme en Art, je pose au Cégep de Drummondville à Drummondville. Je posais déjà à l’université du Québec à Trois-Rivière depuis un certain temps lorsque une gentille personne m’a référée à l’enseignante et coordonatrice Geneviève Lebel du programme en Arts Visuels du Cégep.

J’étais déjà habituée aux locaux de plusieurs Cégep et Universités qui offrent des programmes en Arts. On les reconnait facilement : Ils sont souvent «barbouillés» de nombreuses éclaboussures d’encre ou de couleurs sur les murs, les planchers, les chaises et les chevalets. Sans compter la fine couche de poussière de fusain et de pastels qui recouvre l’ensemble du local.

Mais quand je suis arrivée au Cégep de Drummondville le premier jour où je venais poser, mes yeux n’en revenaient pas de constater la propreté presque aseptisée de ce magnifique local tout blanc et sans histoire. Je me sentais privilégiée de participer comme modèle à la naissance d’un bouillonnement artistique qui débutait…là !

J’ai fais quelques propositions à Geneviève, concernant les besoins des modèles, lorsque nous allons poser dans une classe.

C’est à dire, un petit coin muni d’un écran d’intimité (paravent), pour se changer et déposer nos vêtements et nos effets personnels. Des tapis de jeux sur le podium pour un meilleur confort. Ainsi que des tissus, des coussins, des bancs de différentes hauteurs pour pouvoir varier nos poses.

Les élèves sont prêts, c’est parti !

Pose de 10 minutes

Les élèves sont en Cours Dessin 2 Observation et Anatomie. Geneviève l’enseignante leur a donné certaines directives concernant les médium et les techniques à utiliser. Les élèves devront faire des esquisses variées comme étude préparatoire à leur examen final. «Une occasion d’explorer et de varier les médium secs et humides sur différents supports.», explique Geneviève.

Plusieurs installent leur feuille au chevalet. D’autres, sont prêts et attendent le signal de départ. Et voilà Geneviève, munie de son minuteur, qui prononce fermement : «C’est parti pour 10 minutes.» Je pose, je me laisse observer. Les élèves s’activent. J’entends le son des crayons sur le papier ainsi que celui des pinceaux qui s’agitent dans l’eau.

Poser pour les examens

Pour l’examen final, les élèves auront des poses de cinquante minutes pour dessiner afin de pouvoir intégrer à leurs dessins, une synthèse leurs apprentissages de la session. «C’est parti pour 50 minutes !» dit l’enseignante. Je pose, je me dépose dans la pose. Parce que cinquante minutes c’est long. Il faut être à l’aise dans la pose pour la tenir. Mais ça se fait bien lorsqu’on sait différencier les poses longues des poses rapides.

Dans les poses longues, je reste concentrée. Mais j’ai le temps d’observer à mon tour les étudiant.e.s. Je me demande alors qui sont ces personnes, sont-elles de futurs artistes ? Je les regarde discrètement. J’en vois des timides aux gestes délicats. D’autres excité.e.s, emballé.e.s par la construction graduelle de leurs dessins. Certains élèves effacent, corrigent et s’applique à bien faire.

Geneviève annonce qu’il reste 3 minutes avant la sonnerie final. Plusieurs s’empressent à hachurer le contour du dos ou de l’épaule pendant que d’autres ont le regard figé devant leur dessin. Juste le temps d’un petit trait pour créer une ombre ou une touche de blanc pour un peu lumière. Puis le minuteur sonne. Et voilà qu’au final, je trouve que tous les dessins sont beaux !

Une enseignante mais aussi une artiste

Et que dire de cette belle artiste, l’enseignante Geneviève Lebel. Douce, talentueuse et impliquée avec ses étudiants.e.s. Au début, lorsque je posais les premières années dans ses classes, je me demandais aussi qui est cette enseignante ? Quel est son art ? Puis, quelques années plus tard, je suis allée voir une de ses expositions à Québec. J’adore ce qu’elle fait. Une belle délicatesse ressort dans ses installations. Dans ses cours, j’aime beaucoup les images de différentes approches du dessin de modèle vivant qu’elle propose à ses élèves. J’apprends d’elle aussi en même temps !

La respect du modèle

Le Cégep de Drummondville est très bien installé pour de bonnes séances de modèle vivant et les gens sont respectueux. Ce qui fait que c’est agréable de poser à ce Cégep. Parce que c’est important, pour le modèle, de se sentir respecté autant des enseignant.e.s que des étudiant.e.s.

Dessin d'une étudiante du Cégep de Drummondville du modèle vivant pose de 10 minutes
Dessin de Mélina Fleury 50 minutes

Une fleur dans les cheveux

Ce jolie dessin va bien avec le gentil commentaire de Geneviève Lebel à mon égard et que je vous partage ici :

« J’ai eu la chance de travailler avec la modèle Marie Gauthier comme enseignante dès le début du cours Dessin 2, Observation et anatomie. Son expérience en tant que modèle professionnelle et ses précieux conseils ont été des atouts dans le développement de la tradition du modèle vivant au sein de notre programme d’Arts Visuels.

Chaque année, c’est un plaisir de la retrouver lors des derniers cours de la session où les étudiant.e.s réalisent des dessins faisant la synthèse de leurs apprentissages. Pour l’occasion Marie G apporte toujours des tissus et des accessoires sélectionnés avec soin. Que ce soit une fleur dans les cheveux, un collier, un bracelet ou un voilage, ces détails animent la créativité des étudiant.e.s, tout comme leurs dessins. Marie maîtrise l’art de se placer dans la lumière et dans l’espace. Ses poses gracieuses défient même la notion du temps ! En effet, elle reste immobile presque une heure et renouvelle cet exploit à trois reprises durant la séance. Il en résulte de magnifique dessins qui transcendent la beauté du corps.

Je suis convaincue que ces séances de dessin sont une expérience formatrice pour nos étudiant.e.s puisqu’elles ou ils apprennent à travailler dans les valeurs de respect et de confiance que Marie incarne. À travers la rencontre de l’autre dans leur dessin, ce partage permet aussi aux étudiant.e.s de se révéler à eux-même, et ultimement, apprendre à mieux se connaitre.»

Geneviève Lebel, enseignante en Arts Visuels, Cégep de Drummondville

Quelques poses de 10 et 50 minutes, cours Observation et Anatomie

Poser au Cégep comme modèle

Le modèle à surement un rôle à jouer dans l’apprentissage de ces jeunes étudiant.e.s en art. Je suis contente de penser que mon travail puisse contribuer d’une certaine façon à leurs formations. À la compréhension de la complexité du corps humain ainsi qu’à la découverte des nombreux défis que comporte le dessin du modèle vivant !

Quelques élèves peut-être deviendront de grands artistes, d’autres garderont le goût du dessin comme loisirs, je l’espère. Pour l’instant ce sont leurs dessins de plusieurs versions de moi qui ornent le corridor du Cégep pour la rentrée !

Dessins de fin de session

Merci aux étudiant.e.s du Cégep de Drummondville, Dessin 2 Observation et Anatomie 2022 : Laure Charlotte Coté, Catherine Nadeau, Marianne Cardinal, Matis Giguère, Mégane Blanchard-Giguère, Mélina Fleury, Louka Giguère, Sara-Maude Nault, Nicolas Tessier, Tommy Dionne,

Ainsi qu’à l’enseignante Geneviève Lebel.

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4 réponses sur “Poser comme modèle au Cégep”

  1. J’ai adoré l’article. J’ai étudié dans ce programme il y a quelques années déjà. Je n’aimais pas beaucoup le dessin, ce qui est toujours le cas, mais l’expérience du dessin avec modèle vivant m’a profondément marquée. Bien que mon parcours professionnel soit rendu loin de l’art désormais, j’ai appris à poser sur le corps mon regard d’artiste. J’apprécie les détails et les particularités, les courbes. Je vois la beauté dans ce que d’autres voient comme indésirables. Dans une société où tellement de gens sont complexés par leur apparence, je me sens privilégiée de non seulement ne pas l’être, mais aussi d’être capable d’apprécier toute la beauté du corps humain. Merci.

    1. Merci Audrey-Anne pour ce très beau commentaire. Voilà ce que le dessin du modèle vivant peut apporter sur le regard, sur la façon de voir et d’apprécier la figure humaine.

  2. Merci d’avoir inclus mes dessins! J’ai adoré travailler avec vous:). Le cours de dessin 2 m’a vraiment donné la picure pour le dessin de modèle vivant et c’est grâce au travail de modèles comme toi. Bonne journée!

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